L'ALIMENTATION DU CHEVAL

Trois éléments sont nécessaires au cheval de randonnée, comme aux autres chevaux d'ailleurs :
_
L'eau,
_
le lest alimentaire,
_
un aliment énergétique.
Toute l'astuce du randonneur consiste donc à fournir à sa monture ces trois éléments, alors que nous vivons dans une société d'où le cheval à pratiquement disparu emportant avec lui abreuvoirs, râteliers,
musette et coffres à grain.
Surtout attention aux
ifs.

L'eau
Tout cavalier sait qu'il doit donner à boire à son cheval, mais en voyage les conditions font que l'on ne dispose ni d'eau ni de seau à volonté.
Par fortes chaleurs, évitez de faire transpirer votre monture en modérant les allures, en attachant à l'ombre plutôt qu'au soleil, en progressant tôt le matin et dans la soirée, les heures de midi étant les meilleures pour faire une bonne sieste.
Le seau de toile (que l'on trouve aisément dans les surplus de l'armée) est un des éléments indispensable de votre équipement. Choisissez le sans armature.
Il nous est arrivé une fois de rencontrer un randonneur dont le cheval était en train de nager dans le canal de Nantes à Brest. Quoi de plus pénible que de cheminer le long d'un halage en plein soleil, avec une bête assoiffée et de n'avoir rien pour puiser de cette eau qui est à deux mètres de vous. En désespoir de cause il avait tenter de faire descendre sa monture à un endroit où la berge semblait moins abrupte et dans une gerbe d'éclaboussures, le malheureux cheval était tombé à l'eau. Il n'a pas été facile de l'en sortir et quand ce fut fait, la pauvre bête n'avait même pas bu ! Le paquetage par contre avait fait des provisions d'eau pour longtemps.
Pensez qu'une musette à grain peu dépanner en cas d'oubli.
Dans les villages ou dans les fermes il est bien rare que l'on vous refuse un seau d'eau.
En campagne, le bétail a généralement de quoi s'abreuver. Faîtes le tour du clos, vous trouverez certainement un bac ou une tonne à eau ; une fois encore votre seau de toile va vous dépanner.
Si les chevaux sont très assoiffés, une absorption massive d'eau froide peut entraîner des coliques. Donnez donc de petites quantités à la fois.
Lors des passages à gué, laissez boire. La fraîcheur de l'eau aura un effet bénéfique sur les tendons, à condition qu'aucun cheval, décidant que l'eau est à lui, ne joue au loup et l'agneau... à coups de pied. Gardez donc vos distances.
Ne quittez pas le gué trop rapidement. Si les derniers n'ont pas encore bu, vous voyant vous éloigner ils préféreront vous suivre plutôt que de s'abreuver.
Nous sommes partis un jour en balade avec une jument, Pirouette, qui n'avait jamais fait d'extérieur. Il faisait très chaud, mais nous trouvions des gués fréquemment et Pirouette s'arrêtait à chaque fois très longuement pour boire. Le soir arrivé à l'étape, elle se dirigea droit sur un seau et se mit à pomper. Nous nous aperçûmes que le niveau ne baissait pas. Pirouette n'avait rien absorbée de la journée, ne réussissant pas à boire avec son mors. Un bon nombre de chevaux sont dans le même cas.
A l'étape, une bonne manière de réhydrater le cheval est de le doucher et de lui donner une ration de grain que l'on aura mise à macérer dans l'eau au moins une heure auparavant. Faîtes toujours boire avant de distribuer l'aliment. Une bête qui a beaucoup transpirée pendant la journée boira tout au long de la nuit, même si le soir elle ne semble plus avoir soif ; aussi il sera bon de lui laisser de quoi s'abreuver avant d'aller se coucher.

Sachez enfin que les chevaux sont très sensibles aux coups de chaleur. En cas d'accident, le meilleur remède est l'eau, qui va vous servir à rafraîchir au maximum le malade.

Le lest alimentaire
Le cheval de randonnée dispose de peu de temps dans la journée pour manger ; or il a besoin d'avoir toujours quelque chose dans l'estomac : Le lest alimentaire. Négliger cette nécessité pourrait amener votre cheval à avoir des coliques appelées communément "coliques de ventre creux".
Vous devez donc essayer de le faire pâturer à chaque arrêts, petits et grands.
Le soir à l'étape, la ration de grain si elle est suffisante du point de vue énergétique ne l'est pas en volume.
Le lest alimentaire peut être constitué par :
- De l'herbe, qui est l'élément le plus apprécié par les chevaux et le plus facile à trouver,
- de la paille, qui ne constitue aucun apport nutritionnel, mais remplie très bien son rôle de lest alimentaire,
- du foin, à condition qu'il ait été récolté depuis plus de deux mois, sinon gare aux coliques,
- du maïs en tige, très apprécié, que l'on peut trouver dans les fermes au mois d'août et qui présente l'avantage de fournir le lest et le grain.

N'alternez pas nourriture sèche et nourriture verte, leur temps de digestion étant différent, vous exposeriez votre monture à une obstruction intestinale. Le changement doit se faire très progressivement.

L'aliment énergétique
Il importe de fournir à nos montures un complément d'alimentation destiné à compenser la dépense d'énergie que nous lui imposons.
Nous allons essayer de passer en revue ce qui en randonnée peut remplir cette fonction.
- L'aliment cheval
Que l'on trouve dans la plupart des centres équestres et quelquefois dans les coopératives agricoles en sacs de vingt cinq kilogrammes.
C'est la solution la meilleur, car il ne nécessite aucune préparation et est bien équilibré.
- L'aliment lapin
Très proche au niveau composition de l'aliment cheval, il est conditionné en petits sacs et présente l'énorme avantage d'être vendu dans beaucoup de boulangeries de campagne.
-
L'orge
C'est un excellent aliment, très nourrissant et d'autant plus intéressant que c'est un des plus facile à se procurer. La seule ombre au tableau est son extrême dureté. Le cheval ne parviendra pas à écraser tous les
grains dont beaucoup se retrouveront dans le crottin. Pour pallier cet inconvénient nous allons être obliger de cuisiner.
Une des méthodes les plus simple consiste à faire tremper le
grain aussitôt arrivé à l'étape. Gorgé d'eau, l'orge sera plus tendre, exempt de poussière et réhydratera le cheval.
On a quelquefois la chance de le trouver aplati ou moulu ce qui règle le problème.
Si vous avez du temps et aimez servir des repas raffinés à votre monture, il est possible de le faire cuire dans de l'eau. Vous gagnerez du temps et du gaz si vous dénichez un autocuiseur.
On trouve de
l'orge dans beaucoup de fermes où elle est donnée moulue aux vaches.
L'orge germé permet de retaper facilement un cheval qui à perdu de l'état. Malheureusement, en randonnée le manque de temps ne permet pas de faire germer de l'orge (
voir une animation sur la façon de faire germer de l'orge )
Les coopératives agricoles en vendent également ainsi que certains boulangers.
-
L'avoine
Plus difficile à trouver que
l'orge on en trouve quelquefois chez les gens qui possèdent des chevaux. Elle peut être donnée nature mais on peut avantageusement la préparer comme l'orge. Moins nourrissante que cette dernière elle présente en outre l'inconvénient de rendre les chevaux plus nerveux.
-
Le maïs
Deux fois plus nourrissant que
l'avoine, ce grain présente également une certaine dureté. Certains chevaux demandent à y être habitués avant d'en être friands.
-
Le blé
Il arrive que l'on ne trouve que du
blé. Cet aliment bien que très nourrissant est peu digeste et distribué en grandes quantités pourrait exposer les chevaux à des coliques. Distribuez le avec parcimonie.
-
Le riz
En cas de disette il sera toujours possible de se dépanner avec du
riz que vous trouverez dans n'importe quelle épicerie. Les asiatiques en donnent à leurs chevaux. Diminuez la ration de moitié et faites cuire impérativement.
- Les glands
Ils sont bons lorsqu'ils sont de couleur marron. Attention s'ils sont de couleur verte, ils contiennent du tanin et sont toxiques.
Les anciens manuels de l'armée recommandent de laisser les chevaux "glander". Cela peut faire un apport de nourriture non négligeable.
- Les châtaignes
Lors d'une randonnée survie à pied le long de la chaîne des Pyrénées, deux hommes ont réussi à survivre en mangeant des châtaignes. Très nourrissantes, vous pouvez laisser les chevaux les ramasser eux mêmes ; ils savent très bien, à l'aide de leurs sabots, les extraire de leurs bogues.

Nous recommandons particulièrement d'emporter des musettes pour donner à manger à chaque cheval. Le grain donné à terre pourrait amener les animaux à avaler de la terre, ce qui peut être la cause de coliques (coliques de sable). Les éventuelles bagarres seront ainsi évitées, chacun se déplaçant avec son repas. Si vous avez pris le temps de graduer vos musettes, vos dosages seront simplifiés. Servez tous le monde ensemble de façon à limiter énervements et coups de pieds lors de la distribution.
Le
grain doit être si possible donné après l'eau et le lest alimentaire. N'oubliez pas que la ration du soir doit être ajustée en fonction du travail à effectuer le lendemain. Si une journée repos est prévue réduisez la ration de grain afin de supprimer les risques de "coup de sang".
Il peut être pratique également de posséder un sac permettant de transporter du
grain sur le cheval, sachant qu'il est plus agréable d'acheter les rations juste avant d'arriver, plutôt que de retourner ensuite sur ses pas, à pied.

La musette.
Vous pourrez la réaliser vous même à peu de frais dans de la toile de nylon aux dimensions du schéma. Les trous sont percés avec un tube de cuivre chauffé et appliqué sur la toile. Il est de première importance qu'ils soient en face des naseaux du cheval. L'anse étant un peu trop longue sera ajustée en fonction de la taille de la tête du cheval. Si votre monture gratte sa musette du pied lorsqu'elle mange, vous avez tout intérêt à ajouter un renfort.
Afin de faciliter le dosage des rations, on aura tout intérêt à graduer au moyen d'un fil de couleur la musette en litres.

Un seul danger : l'if.

L'if (Taxus Baccata) est un arbre à feuilles persistantes ressemblant à un sapin. En automne il porte des fruits rouges comparables à ceux du houx. Très répandu, il peut être taillé en haie (aux haras de Lamballe par exemple !) ou pousser en forêts. Il arrive que l'on en rencontre sur les places des églises alors qu'il n'y a rien d'autre pour attacher.
C'est à peu près la seule plante que le cheval ne reconnaît pas pour toxique et que l'absorption de quelques grammes peut tuer très rapidement. L'écorce est aussi dangereuse que les feuilles. Méfiez vous du cheval qui a l'habitude de cueillir des branches au passage pendant qu'il marche. Si il attrape de l'if votre seule chance de le sauver est de récupérer ce qu'il a dans la bouche avant qu'il ne l'avale sinon même le vétérinaire ne pourra rien faire. Il n'aura d'ailleurs pas le temps d'arriver.
A moins que vous ne soyez un botaniste confirmé, éloignez votre compagnon de tout ce qui ressemble à un sapin.